Dieudonné PHASE II
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Entretien avec Dieudonné - hermaphrodite.fr jeudi 13 janvier 2005
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soutiendieudo
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MARDI 11 JANVIER 2005 Les excuses du troubadour punk ! Entretien avec Dieudonné par Philippe Krebs, par William Guyot, http://hermaphrodite.fr/article703.html Alors que le professeur Choron, qui aura beaucoup compté pour de nombreux humoristes et dessinateurs satiriques, vient de casser sa pipe, Dieudonné n’a pas encore ravalé la sienne de pipe, comme nous avons pu le vérifier au cours d’un entretien avec lui, juste après son spectacle "Mes excuses" devant une salle comble et enthousiaste. Hermaphrodite : Tu semble avoir retrouvé un peu de sérénité après toute cette excitation autour de toi... Dieudonné : J’ai conservé un certain calme et la justice a tranché. Le code noir a été refusé par le CNC au motif que « la traite des noirs n’est pas un sujet de film ». Il n’y a jamais eu de film sur le sujet et le CNC pense que ce n’est pas un sujet de film, de fiction. Il faudrait faire un documentaire. C’est le point de vue et la ligne éditoriale de cet organe officiel qui, théoriquement, doit gérer l’intérêt de la collectivité et l’intérêt des citoyens et qui, malheureusement, est gangrené par ce réseau ultra sioniste insupportable qui refuse l’accès simplement au devoir de mémoire des autres concitoyens, avec cette unicité de la souffrance obtenue de manière obscène. Ce qui est étrange, c’est qu’ils auraient pu tout simplement te dire que ton scénario était mauvais. Non, parce que l’on avait pris soin de solliciter leur aide au tout départ, c’est-à-dire pour l’aide à l’écriture, sur le synopsis, c’est-à-dire sur une ligne. Ce scénario va traiter du Code noir qui réglementait le commerce des esclaves. C’est sur cela que l’on m’a jugé et non pas sur un scénario où il y a effectivement une part de subjectivité. Quand on voit ton casting, il y a essentiellement des blancs : Daniel Prévost, Jean Dujardin, Claude Rich... Il y a trois rôles noirs importants : Joby Valente, Eric Ebouany et moi. Parmi les blancs, effectivement il y a Daniel Prévost, Claude Rich, Jean Dujardin. Dans la deuxième partie du film, il y a un passage de marronnage qui est le moment où l’on rentre vraiment dans l’action, où le maître et l’esclave sont entraînés dans une aventure de course poursuite effrénée. Et là, ils se retrouvent entourés du casting noir. Ce sont des africains pour la plupart, africains et antillais, inconnus pour l’instant. Leur nom n’apparaît pas encore, car l’objet du descriptif était d’essayer d’attirer des annonceurs et différents partenaires, mais il s’agit un film 50/50 comédiens blancs/comédiens noirs. (...) De la comédie ? Non, on va dire un film historique d’action. Qu’est-ce qu’un film historique d’action ? L’idée a entièrement été validée par un historien qui s’appelle Louis Sala-Molins qui a passé vingt ans de sa vie à ressortir et à analyser le Code noir. ça c’est pour la partie historique. Et on a tenté avec Claire Botton, l’autre co-auteur - nous sommes trois - de donner une dimension d’action à ce film pour qu’il touche un public jeune, qu’il ne s’emmerde pas... Il y aura des courses-poursuites en voiture comme dans Taxi ? (Rires) La poursuite, c’est plutôt le marronnage... Il y a une charrette, parce que l’action se passe à la fin du 17ème siècle... Mais le marronnage, c’est déjà une course-poursuite. C’est l’esclave qui quitte les champs pour fuir. C’est de l’action. Et c’était extrêmement dense parce qu’en général sur les îles, le marronnage ne durait pas très longtemps. Il durait au maximum, en Martinique, entre 7 et 15 jours, en Guadeloupe, jusqu’à 3 mois, et en Guyane, de 30 à 40 ans... (rires) Il est dit sur le site qui te soutient que le public de tes spectacles est composé de 80 % de blancs, de 10 % de noirs et de 10 % d’arabes. Vois-tu une évolution ? Je ne sais pas ? Qu’est-ce que vous en pensez ? 50/50 pour ce soir. Par ailleurs, par rapport au travail de mémoire que tu fais... La situation est plutôt claire, Télérama n’hésite pas à faire sa Une sur le problème de représentation des noirs et des arabes qui sont occultés des médias. Personne ne fait ce travail de mémoire, et peut-être est-ce cela qui dérange, puisque ça remue des choses, comme ça s’est passé avec l’Algérie, et là ça ne s’était pas encore fait de cette manière, donc ça ne peut que créer des remous. C’est de là, à mon avis, que naissent toutes ces peurs... C’est clair que lorsque je dis que 95 % des biens appartiennent encore aux descendants d’esclavagistes, dans l’histoire des crimes contre l’humanité, c’est incroyable, c’est unique. Et le devoir de mémoire, les réparations... ce film va ouvrir les débats... Je pense que des historiens, des sociologues,..., ont en déjà parlé, mais qu’un comique en parle, c’est ça qui est nouveau, car normalement le comique ne doit pas aller sur les plates-bandes du politique. Pourtant, dans la tradition française, le bouffon à la cour, quand il y avait un malaise, on lui mettait une couronne, et on lui disait, vas-y dis la vérité et fais chier le monde. Il provoquait quand même, donc il existe une niche, une fonction de l’humoriste. Tu es l’un des rares à reprendre ce flambeau-là, comme Guillon le fait, et comme Coluche a pu le faire... il y en a très peu... J’aime beaucoup Stéphane Guillon, il a une belle écriture, et l’exercice de la quotidienne, c’est dur. J’avais refusé de le faire, mais lui s’en sort vraiment bien. Pour parler de la télé, ce qui est amusant lors de ton passage chez Ardisson, c’est qu’on a senti que vous étiez en bisbille, puis cela a tourné presque à la réconciliation... Dieudo, finalement, on va te donner un coup de main. Oui, sur ton truc de négro, ça va, mais on parle pas de la Palestine. Bizarre qu’Ardisson fasse la police sur le sujet après avoir été l’un de ceux qui avaient ouvert le débat. Il invitait régulièrement Tariq Ramadan, Leila Shahid. Il invitait aussi Soral... Oui, qui est un copain d’ailleurs. Alain me parlait d’Ardisson, il le connaissait bien, c’était un ami de 25 ans qui, visiblement dans le privé tenait des propos plutôt pro palestiniens, voire parfois un peu limite, notamment sur la question d’un certain lobby sioniste en France qui existe. Ardisson se serait lâché avec Alain, ou plutôt il aurait été assez explicite. Et là il a entièrement retourné sa veste. Peut-être avec l’âge ou les intérêts économiques, je ne sais pas ? Soral étant quand même l’homme le plus grillé des médias... Toi, tu as encore un métier qui te permet de t’exprimer, de prendre la parole, d’aller devant l’Olympia. Oui, j’ai la scène. Mais il est honnête Alain, il va jusqu’au bout de ce qu’il pense. Cela n’a pas de sens. Le fait qu’Ardisson le lynche en public sans qu’il soit là... Au bout de 25 ans, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, sans l’avoir eu au téléphone, sans lui parler... As-tu eu des soucis par rapport au montage, puisque l’on sait qu’Ardisson remonte toutes ses émissions ? Il a monté... retiré deux, trois choses... Importantes ? Oui, à un moment donné, il disait qu’Israël avait été donné au peuple juif, que c’était dans la Bible, ce qui est quand même un engagement, un point de vue discutable, qu’il a quand même retiré. Attention, Thierry Ardisson, soyons raisonnable. C’est assez irrationnel comme concept. C’est ce que je lui ai dit. Pour revenir à ton spectacle, une chose appréciable chez toi, c’est ta capacité à écrire vite. Comme Stéphane Guillon qui peut pondre des chroniques tous les jours... la dernière fois, nous nous étions vus à Freyming, c’était il y a à peine quelques mois en pleine acmé autant pour ta vie privée que médiatique. Aujourd’hui, tu as réussi à rebondir tout de suite avec ton spectacle intituléMes excuses. Par rapport aux spectacles précédents, même si tu fais des inserts d’éléments du passé, on retrouve quand même une nouveauté et une capacité d’écriture affirmée. L’écriture de l’urgence chez Dieudonné ? C’est vrai que j’aime bien me renouveler, me remettre en risque, car c’est plus confortable de traîner le même spectacle pendant plusieurs années. J’ai cette capacité et cette faculté qui sont aussi les fruits d’un parcours et d’une urgence, c’est vrai, autour de moi... C’est bien que tu aies intégré cette notion-là du risque, car tu n’as de recul puisque tu lances les spectacles en immédiat. Sur le spectacle Mes excuses, ce sont des techniques de percussion et d’uppercut que tu utilises. A un moment, tu parles d’« underground » dans ton spectacle. Si tu es quelqu’un de médiatique, il y a quand même quelque chose d’assez hardcore chez toi, et d’underground. Cette rythmique là qui concilie les deux, public et underground est assez étrange... Oui, c’est vrai que c’est entre les deux, mais c’est amusant de se faire traiter de punk. Il faut mettre des étiquettes, on met made in fromage... en tout cas, j’ai cette liberté d’écriture. Nougaro me disait, « Dieudonné tu es esclave de ta liberté, tu es enchaîné à ta liberté ». Je trouve que c’est une définition qui est pas mal. Propos recueillis par William Guyot et Philippe Krebs, le dimanche 9 janvier 2005 au café-théâtre Le Nouveau Vertigo, à Nancy, après son spectacle Mes excuses, devant une salle archi comble.
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